Retour sur le Cloud Matsuri
Président de Polygon Pictures – Shuzo John Shiota

par Andrew Osmond,
Préféreriez-vous lire cet article en anglais ? oui
Voulez-vous définitivement définir votre édition comme Français ? oui

Le Cloud Matsuri, événement en ligne qui s'est tenu ce week-end grâce à Anime Limited, a été l'occasion de proposer, dimanche, une interview de Shūzō John Shiota, Président et PDG de Polygon Pictures depuis 2003. La première partie de cet échange portait sur la carrière de Shiota. Pour reprendre ses mots, il y a eu quelques « détours ». Il est sorti major de sa promo en Droit International, et est ensuite passé chez Nippon Steel corporation dans les années 90. Lorsqu'il était jeune, avec une « mentalité socialiste », il était persuadé que les ordinateurs étaient mal car ils allaient voler le travail des gens – avant, par la suite, de les considérer comme une forme de libération. Il a, en 1996, commencé à faire du travail de consultation pour Polygon Pictures.

« Je me suis aventuré dans l'industrie de l'animation et y suis resté jusqu'à aujourd'hui. »

Shiota décrit cette explosion pour l'animation CG comme étant la nouvelle approche du millénium. Au milieu des années 90, explique-t-il, il y a eu un véritable boom initié par Toy Story, qui a permis de prouver que l'animation CG était en mesure de proposer des histoires format long. Cette forme d'animation a également été portée par les consoles plus performantes arrivant sur le marché, comme la première PlayStation. Polygon Pictures, fondée en 1983, a été emportée par ce boom : « c'était une époque très vivante, euphorique. » C'est à cette époque que les premiers personnages clefs de la société ont vu le jour, les pingouins Rocky et Hopper, qui sont apparus dans plusieurs publicités. « Notre studio rêvait de devenir le prochain Pixar. »

Mais ce boom s'est éteint en quelques années, explique Shiota. La scène des jeux CG est devenue très compétitive. Polygon s'est penché sur le développement son propre film d'animation CG, mettant en scène des pingouins, mais celui-ci n'est jamais arrivé au stade de la production. Peu après, le film de Square, en CG, Final Fantasy : Les Créatures de l'esprit a fait une explosion commerciale. La CG, révèle-t-il, n'était plus « cool ».

Shiota ajoute que l'attitude de l'industrie de l'animation japonaise a été façonnée par le succès et la prospérité de la franchise Evangelion, dont les coûts étaient réellement moindres comparé à ceux des Créatures de l'esprit. A cette époque, la CG était méprisée par les sociétés spécialisées dans l'animation.

En 2003, lorsqu'il est devenu le président de Polyon, plusieurs restructurations étaient en cours. « Nous essayions de remonter à la surface. » L'un des projet clefs reposait sur le titre Ghost in the Shell 2: Innocence de Momoru Oshii : et pour cause, le studio a été en charge de l'animation d'une séquence du film, ce qui représentait, d'après les mots de Shiota, « un super honneur ». Ce projet a abouti sur de nouvelles collaborations entre le studio et Oshii, notamment avec Sky Crawlers, l'armée du ciel, et le pavillon Moutain of Dreams présenté à l'EXPO 2005, au Japon.

Malgré cela, la grande majorité de l'industrie restait réticente à ce type d'animation. « Il n'y avait pratiquement rien au Japon, à cette époque, qui utilisait la CG. » Shiota a alors porté son regard vers l'Amérique, y voyageant et frappant aux portes. Ce qui a fonctionné. Vous savez probablement déjà que Polygon détenait le top-tier des propriétés hollywoodiennes de 2010, avec, entre autre Tron: Uprising (une série qui a été déterminante dans le développement des techniques de cel-shading du studio), et plusieurs des séries liées aux franchises Star Wars et Transformers. Des titres qui ont fait de Polygon « les rois de l'action pour garçons », d'après le PDG. Il souligne également un autre titre, peut-être plus surprenant : Mes Amis Tigrou et Winnie, sorti en 2007.

Toutes ces séries ont conféré de l'importance à Polygon à l'étranger ; mais le studio a toujours gardé un œil sur le Japon. Par exemple, Shiota mentionne la bande-annonce, récompensée en 2009 par un prix, du jeu Street Fighter IV de CAPCOM. D'après lui, 85 % de la main d'œuvre du studio est japonaise, même si on pense à lui comme une structure internationale. « Notre première façade est celle d'une société internationale », dit-il. Il ajoute que si le studio sait comment utiliser son identité japonaise, il préfère laisser d'autres personnes gérer ses affaires sur l'archipel. « J'ai tendance à me faire discret lorsque je fais des affaires avec des Japonais : je suis trop non-conventionnel pour mener les choses à bien. »

La série de 2013 Knights of Sidonia a amené une équipe talentueuse et expérimentée au sein du studio, et a également marqué sa première collaboration avec Netflix. Shiota se souvient du moment où Polygon a contacté plusieurs plateformes de streaming, à l'échelle mondiale, en quête d'un médium de diffusion qui permettrait de rendre la série possible. C'est Netflix qui a été la plus rapide à répondre, donnant son aval. Shiota définissait alors la plateforme comme ouverte aux prises de risques et aux sujets subversifs. Netflix lorgnait également déjà sur le marché asiatique, et appréciait les anime pour la communauté de fan qu'ils représentent, de même que leurs budgets et leur important volume sur le marché.

Les plateformes telles que Netflix, poursuit-il, ouvrent « un marché authentique pour les anime, légitime, aérien et stable », leur ouvrant un grand espace à l'occident. Aujourd'hui, le smartphones moyen a une puissance bien plus importante que ce qu'aurait rêvé le studio en 2000. Les outils digitaux sont omniprésents, ce qui signifie que l'époque où la CG représentait une nouveauté, quelque chose de « spécial », est révolue. Polygon se dresse, ou tombe, en fonction de la qualité de ce qu'il propose. « Nous devons constamment évoluer », livre-t-il, avant d'ajouter que « quelque chose de très juteux » pourrait bien être annoncé plus tard dans l'année.


mettre en favori/partager avec : short url

montrer la version originale [en] de cet article

retour à Retour sur le Cloud Matsuri
Convention: page d'accueil / archives