Interview de Masahiko Komino, la bizarre aventure

par Bruno de la Cruz,
Voulez-vous définitivement définir votre édition comme Français ? oui

C'est à l'occasion du dernier salon Paris Manga que Masahiko Komino donnait sa première interview hors Japon, une chance pour nous de retracer le parcours de cet animateur et chara-designer qui a profité de son expérience au Luxembourg pour nous glisser quelques mots en français, entre sourires et délicieuse dédicace.

Parlez-nous de votre arrivée dans le métier…

Masashi Komino: Ce qui se passe, c'est que j'ai dû partir au Luxembourg très jeune à cause du travail de mon père. En tant que Japonais, je me suis très vite intéressé à notre animation. Lorsque je suis revenu au pays, je suis rentré dans une école spécialisée dans l'animation digitale, Polygon Pictures (Knights of Sidonia) pour réaliser ensuite mes débuts dans ce métier.

Quels souvenirs gardez-vous de votre première expérience ?

M. K. : J'ai besoin de temps pour réfléchir (rires)… Sincèrement, je ne me souviens pas de la première œuvre sur laquelle j'ai travaillé, mais je sais que nous étions au Daiba (immense hôtel très réputé à Tokyo). Depuis le 20e étage, nous avions une très belle vue (rires) ! On va dire que ca m'a servi de source d'inspiration…

Avez-vous, en tant qu'animateur, un modèle ou mentor ?

M. K. : Je pense que mon cas est un peu à part puisque j'ai commencé en étant totalement freelance, donc je n'ai pas tout de suite été rattaché à un studio précis. Dans ce cas-là, on doit donc constituer un portfolio pour montrer ce que l'on sait faire. Je l'ai passé à différents amis qui étaient déjà en poste dans plusieurs studios d'animation, et ces derniers m'ont permis d'avoir des contacts et donc de me présenter.

Nous retrouvons votre nom sur la série Gurren-Lagann, avec un certain Hiroyuki Imaishi à la réalisation. Pouvez-vous nous parler de cette expérience ?

M. K. : En réalité, je n'ai pas directement rencontré M. Imaishi car le studio avait fait appel à Gonzo pour intervenir sur un épisode (le n°22, ndlr). A ce moment-là je travaillais pour Gonzo et je devais réaliser un robot qui explose. En revanche, je connais très bien l'animateur Sushio !

Après Gonzo, nous vous retrouvons pour intervenir sur la série des X-Men. Par rapport aux ayants droit, le cahier des charges était-il particulièrement lourd ?

M. K. : Non, je n'ai pas senti cette pression-là. Lorsque Gonzo m'a appelé pour travailler sur cette série, j'ai d'abord un peu hésité. Mais finalement, il y avait un attrait particulier chez les X-Men qui me plaisait, ce sont les musculatures des personnages. Contrairement à la majorité des titres japonais, j'avais des personnages costauds, massifs, comme Colossus par exemple. Et c'est ce que j'aime dessiner!

Quelle est votre identité, votre touche personnelle, en tant qu'artiste ?

M. K. : Selon moi, je pense être à l'aise quand il s'agit de mélanger les émotions des personnages avec leur positions, leurs postures. Jojo's Bizarre offre beaucoup de ces situations où les personnages ont un style très scénique, que ce soit à travers leurs visages, ou leurs expressions corporelles. C'est dans cette zone-là que je prends le plus de plaisir.

Chara-designer, story-boarder, directeur d'animation, animateur-clé… Vous avez plusieurs casquettes. A quel poste vous sentez-vous le plus à l'aise ?

M. K. : Pour reprendre l'exemple de JoJo's Bizarre Adventure, j'ai participé en tant que directeur d'animation sur la partie 1 et 2 de la série. Dans la seconde partie, il y a une scène très importante avec le personnage de Caesar. Cette séquence a tellement été appréciée que les producteurs ont organisé un concours pour désigner qui sera le chara-designer de la 3e partie. Du coup, j'ai tenté ma chance, et j'ai réussi. De là, j'ai accéder à ce poste de chara-designer. Cela dit, je préfère le poste d'animateur, ou animateur-clé, car je me sens comme un acteur, j'ai besoin de faire bouger mes personnages.

Parlons justement de votre rôle sur Jojo's Bizarre. Comment avez-vous digéré le style si particulier d'Hirohiko Araki, l'auteur du manga original ? Quels étaient vos échanges ?

M. K. : La difficulté du rôle, surtout avec ce style très puissant d'Hiroaki Araki, c'est de simplifier le trait car il y a près de 300 personnes qui comptent sur vous derrière ! Il faut donc assurer. Mais en même temps, il faut retransmettre l'impression de cette force, qui est l'essence de Jojo's Bizarre, tout en élaguant le style pour faciliter le travail des animateurs et intervallistes. Nous avons évidemment échangé avec M. Araki mais ce n'était pas toujours évident d'avoir des accords. Au bout du compte je ne l'ai rencontré qu'une seule fois, en fin de production, pour célébrer l'accomplissement de notre mission !

Quand il s'agit d'être fidèle, d'autant plus sur une série si célèbre, est-ce qu'on se permet une petite folie, une liberté ?

M. K. : Disons que sur les personnages, M. Araki a plutôt était compatissant, il avait confiance en moi je pense. J'ai plutôt été fidèle, mais je crois que pour d'Anne, c'était davantage mon trait (rires) !

Remerciements à M. Masahiro Komino pour sa disponibilité, Emmanuel Bochew son agent et traducteur, et Paris Manga qui ont rendu possible cette interview.


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