[Annecy 2023] The First Slam Dunk

par Guillaume Lasvigne,
Voulez-vous définitivement définir votre édition comme Français ? oui

Les rumeurs étaient bel et bien fondées. Gigantesque succès au Japon (15e plus gros succès de l'histoire au box-office local) et à l'international (5e anime le plus lucratif), The First Slam Dunk est une authentique claque dans la gueule, de celles qui partent de loin. Que vous soyez amateur de basketball ou non, que vous soyez un lecteur du manga d'origine de la première heure ou un profane total, croyez en la hype d'un vrai film de cinéma qui balaiera tous vos préjugés d'un revers de la main.

Il y a d'abord la capacité de Takehiko Inoue à apprivoiser une grammaire visuelle fondamentalement différente de celle d'une bande-dessinée. Pour son premier passage à la réalisation, le mangaka n'offre rien de moins qu'une immersive leçon de mise en scène, nous passionnant pour cet unique match de basket pendant les deux heures de film.
Dès les premières secondes de jeu, on note cet attrait pour un découpage d'une grande précision situant constamment les enjeux à l'écran. On sait où se trouvent chacun des joueurs par rapport aux autres, on ressent les différentes possibilités tactiques qui s'offrent à eux, bref, on appréhende pleinement l'espace et on vit à fond l'intensité d'un match fait de contacts et où la défaite n'est pas un horizon possible. Il y a cette impression permanente de voir un manga prendre vie à l'écran : de la composition extrêmement dynamique des cadres aux poses iconiques des personnages, en passant par une savante gestion de la temporalité de l'action, The First Slam Dunk expose le poids d'influences complètement transcendées par les possibilités du cinéma. Mouvements de caméra jouant avec la profondeur de champ, ruptures de ton sonores et visuelles dévoilant une parfaite gestion du rythme, étirement extrême du temps dans un final euphorisant… On ressort du film lessivés par un match ayant fait de nous son onzième protagoniste.

Et puis se posait la question d'images de synthèse tant de fois décriées, très souvent à juste titre, comme Blue Giant le montrait à ses dépends lors de ce festival d'Annecy. C'est bien simple : il n'y a pas une seule seconde où le dispositif dévoile la moindre limite. Du point de vue de l'animation pure, on imagine l'intention de l'aborder comme la 2D traditionnelle. Il y a dans les mouvements ou dans ce jeu sur les textures, les ombres, la sueur ou les reflets un gros travail pour que le spectateur ne remette jamais en question ce qu'il voit à l'écran. En résulte un rendu résolument admirable qui tient de l'inédit dans un film anime. Cette approche novatrice porte le film à elle seule, évacuant très vite les réserves potentielles liées aux flashs-backs qui fragmentent le récit.

Au final, The First Slam Dunk est une expérience sensorielle comme on en voit peu, de celles qui nous font nous souvenir pourquoi on aime le cinéma. Un rendez-vous à voir absolument dans les salles françaises à partir du 26 juillet 2023.

Note :


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