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Un employé du Studio 4°C demande la rémunération de ses heures supplémentaires

posté à par Lynzee Loveridge
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Plus tôt cette année, un assistant de production resté anonyme avait rejoint le syndicat Black Company pour demander une compensation financière au regard des heures supplémentaires – non rémunérées – qu'il avait effectuées pour le studio d'animation Madhouse. Il rapportait que le studio lui devait plus de trois millions de yens pour rattraper les heures supplémentaires et les dommages causées par son surplus de travail – qui lui a causé des troubles de santé.

Il expliquait qu'« en période de rush, le plus que j'ai eu à travailler était 393 heures par mois ». Rappelons que la limite d'heures supplémentaire est fixée par le gouvernement japonais à 100 heures.

Aujourd'hui, une autre personne (que nous appellerons M. A.), un employé du Studio 4°C, suit ses pas. Il a rejoint le même syndicat et a entamé des négociations collectives pour obtenir l'argent qu'il dit avoir pour les heures supplémentaires non payées et pour améliorer les conditions de travail du studio d'animation. Il déclare avoir travaillé 100 heures supplémentaires par mois et que d'autres employés de l'entreprise ont travaillé plus de 200 heures supplémentaires.

Il explique qu'aucun contrat ne détaillant leur salaire et taux horaires ne leur a été remis, rendant impossible de déterminer combien le studio leur doit pour leur travail supplémentaire. Ce manquement de la part du studio représente une violation de l'article n°15 du code du travail japonais (Loi japonaise sur les normes du travail).

M. A. a personnellement adressé une facture au studio correspondant à la somme présumée qu'il devrait recevoir. La société n'a versé aucune somme à son employé, clamant même qu'il n'était pas toujours en train de travailler, même lorsqu'il était à l'intérieur des locaux. En réponse à cela, M. A. a adressé sa demande à l'inspection du travail, qui lui a demandé de prouver qu'il était bel et bien en train travailler lorsqu'il était à l'intérieur du studio et de mettre en lumière ses conditions de travail – chose bien difficile à prouver. C'est dans cette démarche qu'il a rejoint la Black Company.

M. A. a par la suite reçu un contrat expliquant son salaire et son taux horaire, découvrant alors avec surprise qu'il était un employé « aux heures de travail variables » qui n'était pas soumis aux heures supplémentaires puisqu'il « travaille sans limite à un taux fixe » - chose pour laquelle il n'a jamais donné son consentement. Pire encore, cette fiche de paie explique que son salaire s'élève à 158 600 yens (environ 1 349 euros), bien moins que ce pour quoi il avait donné son accord, un an plus tôt – environ 220 000 yens, soit plus ou moins 1 871 euros.   Il a également constaté une divergence concernant son temps de pause imparti. Ses journées étaient supposées s'étendre sur neuf heures avec une pause d'une heure – soit huit heures de travail. Cependant, la fiche fait mention d'une pause supplémentaire de 45 minutes en plus de la pause d'une heure, ainsi que d'une autre pause d'une heure pour toutes les heures supplémentaires. Ces nouvelles pauses réduisent indubitablement le nombre d'heures supplémentaires présumées travaillées auxquelles il peut prétendre, quand bien même ignorait-il leur existence.

Le syndicat est entré en contact avec le studio, demandant les copies de la carte de pointage de M. A., le règlement de l'entreprise ainsi que ses divers documents relatifs aux accords de partenariat, mais Studio 4 ° C a refusé. Une rencontre a également été organisée entre le syndicat et le président du studio, mais ce dernier a « à peine répondu aux questions », affirmant même que M. A. ne travaillait pas « sérieusement ». Cette rencontre a duré environ une heure, aux termes de laquelle le studio aurait refusé tout autre forme de négociations.

Les détails de l'histoire de M. A ont été partagés par le syndicat pour mettre en lumière le refus de collaboration du studio. Toutefois, la Black Company a souligné que quelques progrès avaient été faits depuis – la société, notamment, a promis de communiquer avec ses employés concernant les conditions de travail et le règlement interne. Le syndicat a également fait savoir au studio qu'il était tenu par la loi d'organiser des bilans de santé parrainés par l'entreprise pour ses employés de moins de 35 ans, et le Studio 4 ° C a accepté de respecter la loi.

Notons que le studio est celui que l'on retrouve derrière le film Children of the Sea, adapté du manga de Daisuke Igarashi. Le titre, sorti le 7 juin au Japon, s'est placé en 5e position du box-office lors de sa sortie. Il est également nominé au Festival International du film d'Ottawa qui se déroule cette semaine.

Le studio signe également Mutafukaz (MFKZ), adaptation de la bande-dessinée de Guillaume "Run" Renard, qui a été récompensée par les 72e MPTE Awards cette année – et même nominé aux Oscar.

Source : Sōgō Support Union


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