Interview avec Yuzuru Tachikawa et Takuya Tsunoki, réalisateur et producteur de Deca-Dence

Deca-Dence est un anime original ambitieux produit par le Studio NuT, connu notamment pour le titre The Saga of Tanya the Evil. Il est réalisé par Yuzuru Tachikawa, réputé pour la réalisation des séries Death Parade et Mob Psycho 100. Deca-Dence promet d'être un titre époustouflant, notamment parce qu'en plus de cette pointure, il rassemble beaucoup des membres de l'équipe ayant œuvré sur Death Parade ainsi qu'un panel de nouveaux talents. Dans l'attente de voir ce bijou arriver à l'écran, notre équipe vous propose une interview exclusive avec le réalisateur et le producteur du titre, Yuzuru Tachikawa et Takuya Tsunoki.

(Pour Yuzuru Tachikawa) Deca-Dence est la première œuvre originale du Studio NuT et elle paraît plutôt ambitieuse. Le site mentionne un monde unique, très vaste, des forteresses qui bougent, et des monstres géants. Pouvez-vous revenir sur la décision de créer un cadre si ambitieux ?

Alors que les discussions autour du pitch progressaient, je dessinais les images d'un robot qui autrefois était actif et qui depuis est tombé en ruines. Le producteur, lorsqu'il l'a vu, a dit que son intérêt était piqué. J'ai ainsi créé un environnement dans lequel il est commun que des créatures géantes et des forteresses mobiles entrent en conflit.

Je n'ai que rarement la chance de dessiner des objets grande-échelle pour l'écran, aussi est-ce également un thème face auquel j'avais envie de me mesurer. C'est un projet original ambitieux, et c'est le type d'ouvrage qui nécessite beaucoup de travail.

L'histoire se déroule dans univers où les humains ont migré pour vivre dans des forteresses mobiles de 3 000 mètres de hauteur. Pouvez-vous nous dire comment l'idée de ces forteresses vous est venue ?

Il y a des tonnes d'histoires où l'humanité combat des monstres géants. Je voulais faire d'eux un groupe différent, et avec Deca-Dence j'ai créé un univers où il est quotidien de se mesurer à ces menaces géantes.

Il y a deux types de personnes vivant dans ces forteresses : ceux spécialisés dans les combats, les Gears, et ceux qui ne combattent pas : les Tankers. Ceux-ci sont protégés par les Gears et par les épaisses armures qu'ils portent. A cause de cela, ils ne ressentent pas le besoin de résoudre les conflits, ni réellement le danger. Ils vivent et meurent à l'intérieur de la forteresse. C'est là que l'histoire commence.

Quel a été le processus créatif pour Deca-Dence ? Quand le projet at-t-il démarré ? A-t-il changé avec le temps ?

Les réunions autour du concept ont démarré en 2016, mais l'histoire était alors complètement différente de ce qu'elle est maintenant. Sa forme changeait à chaque fois que nous avions une réunion. Nous nous sommes arrêtés sur sa forme actuelle quelque part au cours de l'été 2017. Il faut beaucoup de temps pour développer le contexte et les personnages d'une œuvre originale, aussi ai-je priorisé le script pour les créatures spectaculaires que j'avais en tête.

Lorsqu'une ébauche de script pour le dernier épisode a été finalisée, nous avons repris toutes les problématiques depuis le début, revenant sur les détails de l'environnement et du contexte au fur et à mesure. Il y a beaucoup de choses dont je ne peux pas parler car elles sont toujours en remaniement, mais comme le monde dispose particularités vraiment spécifiques, il a été difficile de les rendre d'un point de vue du design.

Le titre attise notre curiosité. En français comme en anglais, « Décadence » peut signifier « extravagant » avec une connotation plutôt négative. Il renvoie à l'image de Marie-Antoinette. Comment le titre de l'anime représente-t-il son thème, ses personnages, son cadre ?

Ses thèmes tournent autour des « ruines » et du « déclin », je pense donc que cela renvoie bien à l'aspect négatif de ce mot. En japonais, pour désigner les choses immenses, nous disons « dekai », et je voulais quelque chose avec la sonorité « deka ».

La partie « Dence » se prononce comme « Dance » en japonais, mais a le même sens que « vivre ». Je voulais donc mettre en rapport deux sens opposés, celui de « ruines » et celui de « vivre en grand ».

Vos précédentes œuvres, comme Death Parade et Mob Psycho 100 avaient des thèmes émotionnels très forts, portant notamment sur l'évolution de soi et l'acceptation de la perte. Le phrase d'accroche de Deca-Dence est « C'est à moi de décider dans quel monde vivre ». Quel serait d'après-vous son cœur émotionnel ?

Comme l'accroche le suggère, le mot-clef de l'anime est « choix ». Vivre est une succession de choix, et le résultat dépend des choix qui sont faits. Aucun choix n'est vide de sens, ils sont tous connectés. Ils vont de pairs avec les sacrifices et les erreurs. Je veux illustrer la conséquence de ces choix.

Allons-nous retrouver certains animateurs de Mob Psycho 100 sur ce projet ? Il n'y a que très peu d'animateurs de Mob Psycho 100 car l'équipe est différente. Il y a en revanche beaucoup d'animateurs ayant participé à Death Parade.

Dans les vidéos promotionnelles, les spectateurs ont eu l'occasion d'apercevoir une fille aux cheveux oranges maniant des ustensiles impressionnants. Pouvez-vous nous parler d'elle et de ses accessoires ?

Natsume est l'un des personnages principaux. Elle vit dans une ville de Tankers protégée par les Gears, mais elle nourrit le désir d'aller dehors de se battre aux côtés de ceux-ci. Elle est un de ces personnages qui agit directement en se fiant à son instinct, et elle fait avancer l'intrigue.

Son équipement est conçu pour affronter les Gadolls. Elle fonce sur les monstres avec son pieu et les tuent par hémorragie. Il y aura beaucoup d'armes différentes dans la série.

Il y a encore beaucoup en réserve pour le public. Y a-t-il un moment en particulier que vous avez hâte de leur faire découvrir ?

En termes de conception, les scènes de combat ont nécessité une horrible quantité de temps, alors j'espère vraiment que les spectateurs vont les apprécier. (rires) Deca-Dence promet beaucoup de choses, le décor, les représentations des monstres, et les forteresses mouvantes. Au-delà de ça, il y a beaucoup de choses mignonnes qui vont apparaître et dont je ne peux pas encore parler, alors, s'il vous plaît, jetez-y un œil.

(Pour le producteur, Takuya Tsunoki) Quels sont le sens et l'origine derrière le nom de votre studio, le Studio NuT ?

C'est parce que je voulais d'un nom saisissant – quelque chose d'un peu « fou » (Ndt : Nuts en anglais peut signifier dingue/fou). On pourrait le prendre de façon négative, mais en japonais, on le traduit par yabai (« c'est fou ! » « complètement dingue ! »). J'espère que ce mot peut rendre l'idée que l'on trouve derrière yabai de la bonne manière.

Aussi, son sens et sa sonorité sont proches de « MAD », qui était mon ancien repère.

En effet, vous êtes un ancien producteur de Madhouse. Quelle expérience tirez-vous de votre temps là-bas ?

Madhouse a fait toutes sortes d'œuvres qui sont différentes de ce que NUT produit pour l'instant, et, grâce à cela, j'ai pu voir différents registres et observer beaucoup de techniciens à l'œuvre. Aussi, je pense que là-bas, prendre par moi-même des décisions pour des projets et devoir m'améliorer à partir de celles-ci a été formateur, et m'a amené à devenir le producteur que je suis aujourd'hui.

Beaucoup des membres de l'équipe de production de Deca-Dence sont des amis de cette époque révolue de Madhouse avec qui j'ai traversé beaucoup d'épreuves. Rencontrer ces personnes est également un point d'amorce pour moi.

Comment le COVID-19 a-t-il affecté la production ? Quel type de difficultés avez-vous rencontrées dans la création de cet anime ?

Le fait de travailler à la maison n'a été qu'à moitié contraint ! haha.

En conséquence, par contre, l'animation digitale et l'animation papier ont été un véritable bazar, et, en pensant au processus, je me suis rendu compte qu'il fallait vraiment envisager correctement l'utilisation de l'animation digitale.

Aussi, j'ai eu l'impression que la communication au sein du studio avait tendance à manquer.

Deca-Dence est sorti le 8 juillet. Le site anglais est accessible ici.