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Johnny & Associates change de nom pour « Smile Up » et promet la mise en place d'une société à part pour gérer les talents

posté à par Crystalyn Hodgkins
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L'article ci-dessous traite d'abus sexuels sur mineurs.


Noriyuki Higashiyama, le président de l'agence de talents Johnny & Associates, a annoncé ce lundi à l'occasion d'une conférence de presse tenue à Tokyo, son changement de nom effectif à partir du 17 octobre : Smile Up. Une démarche qui vise à regagner la confiance des fans.

Smile Up sera en charge de la mise en place des mesures pour compenser les dommages causés par les agressions commises par e le défunt fondateur de l'agence, Johnny Kitagawa, et prévenir leur récidive. Celles-ci démarreront en novembre, et la société fermera ses portes une fois qu'elles seront achevées. Une agence à part sera créée pour superviser les opérations managériales des talents – son nom sera communiqué ultérieurement. Ce sont d'ailleurs les fans qui le choisront.

Higashiyama avait déclaré le mois dernier, lorsque Julie Keiko, l'ancienne présidente, avait pour la première fois reconnu publiquement les actes du Kitawa, que l'agence ne changerait pas de nom.

Lors de la conférence de presse du mois passé, Keiko expliquait qu'elle quittait ses fonctions de présidentes mais qu'elle restait la directrice représentative de la société et en détient toujours la totalité des parts.

Suite à la conférence du mois de septembre, les sponsors de l'agence au Japon ont déclaré ne pas renouveler leurs contrats et vouloir se distancer. Plus récemment, la semaine passée, la NHK a indiqué qu'elle ne « demanderait plus aux artistes [de l'agence] de participer à ses programmes pour l'instant » ; ce qui implique également que la très célèbre émission musicale du nouvel An, au Japon, (Kohaku Uta Gassen) n'accueillera aucun Johnny's.

Dans le même temps, de nouvelles personnes témoignent avoir été victimes d'abus, parmi lesquelles Kyohei Iida, membre de Kis-My-Ft2.

Kyodo News a également révélé que lors de la conférence de presse, Higashiyama a déclaré que le comité créé pour superviser les mesures d'indemnisation a « jusqu'à présent reçu des témoignages de 478 victimes d'abus sexuels, parmi lesquels 325 ont demandé une indemnisation ».

Allégations récentes

Le Groupe de travail sur les entreprises et les droits de l'homme du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies a ouvert une enquête sur les allégations d'abus sexuels contre Kitagawa et a rapporté en août que des centaines de talents de l'agence avaient été victimes d'abus sexuels. L'équipe d'enquête a également affirmé que l'environnement de travail dans le secteur du divertissement japonais permettait aux prédateurs sexuels d'agir en toute impunité.

En juin, Fumio Kishida, le premier ministre du Japon, a annoncé qu'il organiserait une réunion ministérielle portant sur la lourde thématique des abus sexuels des enfants, notamment à la lumière de ces allégations. Dans le même temps, au cours de ce même mois, les enquêtes internes menées par Johnny & Associates concernant ces présumés abus, menées par l'ancien procureur Makoto Hayashi, ont annoncé que leur priorité était de répondre aux griefs des victimes en mettant en place les moyens nécessaires évitant que de telles situations ne se reproduisent ; plutôt que de se concentrer sur l'indemnisation ou sur la recherche des fautifs et criminels. Julie Keiko Fujishima, l'actuelle présidente de Johnny's, a publié une vidéo en mai dans laquelle elle « exprimait de sincères excuses à ceux se révélant être victimes » d'abus sexuels de la part de Johnny Kitagawa, promettant des réformes de la direction à l'avenir.

Le 7 mars, la BBC a publié un documentaire d'une heure intitulé Prédateur : le scandale secret de la J-Pop, qui est une « longue histoire d'allégations d'abus sexuels, formulées par des garçons de l'agence [de Kitagawa] », et qui explique pourquoi « les médias japonais sont très largement restés silencieux ».

Le 12 avril, Kauan Okamoto, un chanteur et compositeur nippo-brésilien, a tenu une conférence de presse et a affirmé que Kitagawa l'avait abusé environ 15 à 20 fois entre 2012 et 2016, alors qu'il était encore membre de l'agence, et a déclaré qu'il connaissait au moins trois autres personnes qui avaient connu un sort similaire. « J'espère que tout le monde se manifestera car il y a un nombre scandaleux de victimes. » Okamoto faisait partie du groupe « back-up » des Johnny's Jr.

Après cette conférence de presse, un groupe de fans et d'idoles ont tenu une conférence de presse le 11 mai, déclarant qu'ils avaient envoyé une pétition à Johnny & Associates appelant la société à s'excuser et à démarrer une enquête. Le groupe a recueilli 16 125 noms depuis la publication de la pétition sur Change.org le 19 avril.

Décès de Kitagawa et allégations passées

Kitagawa est décédé en juillet 2019 à l'âge de 87 ans des suites d'une hémorragie sous-arachnoïdienne (une forme d'accident vasculaire cérébral). Fujishima est devenue la présidente en septembre 2019.

Il est né à Los Angeles mais a grandi au Japon où sa famille est retournée lorsqu'il était encore très jeune. Il a passé quelques années de son enfance aux Etats-Unis, où il est reparti par la suite. Là-bas, il a enseigné l'anglais, pour l'Armée des Etats-Unis, aux orphelins de la guerre de Corée. A son retour au Japon, il a fondé en 1962 l'agence Johnny & Associates, après avoir créé le groupe d'idoles composé d'hommes "Johnnys".

Johnny & Associates a formé de nombreux groupe masculins, parmi lesquels SMAP, Arashi, Tokio, KinKi Kids, V6, KAT-TUN, et Hey! Say! JUMP. Ils sont tous des « Johnny's ».

Kitagawa a été accusé au cours de sa carrière de harcèlement sexuel. Le magazine Shukan Bunshun a publié en 1999 un exposé sur 14 semaines détaillant les accusations d'abus et exploitations sexuelles sur mineurs. Ces accusations n'avaient toutefois abouti sur aucune plainte criminelle. Kitagawa et Johnny & Associates ont poursuivi le magazine, et cedernier a perdu le premier procès, tenu en mars 2002. Il a en revanche remporté son appel la Haute Cour de Tokyo en juillet 2003. Lors du verdict, il a été déclaré que témoignages des victimes présumées étaient « généralement cohérents » et « spécifiques, honnêtes et détaillés ». Il a également été précisé que Kitagawa n'avait « aucun contre-argument concret ni aucune contre-preuve. »

Sources : Nikkei Asia (Alice French), The Japan Times (Karin Kaneko, Kanako Takahara)


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