Le guide des anime de l'hiver 2023 - The Fire Hunter

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The Fire Hunter ?
Note de la communauté : 4.3



L'histoire

Au-delà des barrières magiques se trouve un monde envahi par des bêtes féroces connues sous le nom des Démons de Feu. Les seuls à pouvoir protéger l'humanité sont les Traquefeux. C'est dans les forêts sombres où rôdent les bêtes que Tôko, une jeune villageoise, est sauvée d'une attaque par l'un de ces chasseurs, Kôshi. Mais leur rencontre n'était pas fortuite et un nouveau destin les attendait…

The Fire Hunter est diffusé sur Crunchyroll le samedi à 16 h 30.


Comment était le premier épisode ?

EmmaNouba
Note :

The Fire Hunter est sans nul doute la série qui mérite le détour cet hiver. Si le premier épisode met lentement en place le récit, le potentiel de cet anime est déjà là : un graphisme magnifique, très original, et une histoire entre réalisme et fantastique totalement hypnotisante. Saluons l'opening, de Leo Ieiri, une petite merveille musicale et visuelle. Il faut dire qu'à la barre de cette série on trouve du très beau monde. Le scénario et l'adaptation des romans de Rieko Hinata sont signés par Mamoru Oshii, que l'on ne présente plus et qui livre ici un anime tout en finesse, porté par un chara-design délicat de Takuya Saitō (Knights of Ramune & 40), rendant un hommage parfait aux graphismes originaux de Akihiro Yamada (The Twelve Kingdoms). Ce dernier est aussi à la direction de l'animation, avec ses deux collègues, Kazuchika Kise (Blood: The Last Vampire, Patlabor) et Toshihisa Kaiya (World Trigger). La réalisation est aussi menée par un artiste aguerri, Junji Nishimura (Ranma ½, Urusei Yatsura), Hiromasa Ogura prête son talent de directeur artistique. Le tout est mis en musique par Kenji Kawai, incontournable créateur et fidèle collaborateur de Oshii (Ghost in the Shell, Avalon, etc.), avec Kazuhiro Wakabayashi au sound design. Le tout est produit par Signal.MD (Platinum End), la CGI très réussie ayant été confiée à REIRS, une toute jeune structure.

Alors qu'elle était partie ramasser des plantes médicinales dans la forêt, la petite Tôko assiste au combat entre un Traquefeux et un monstre. L'homme mourant glisse à l'enfant le nom de son chien, Kanata. La petite fille va devoir rapporter ses affaires à sa famille, d'autant que l'animal n'accepte d'être approché que par elle. Elle vit avec sa mère, sa grand-mère et sa sœur, qui la hait profondément dans un village qui n'existe que depuis une soixantaine d'années grâce aux Traquefeux. Ce lieu est spécialisé dans la fabrication de papiers destinés aux offrandes.
Dans ce monde rural à l'ambiance médiévale mâtinée de steampunk, après moult guerres, les humains ont commencé à s'embraser s'ils s'approchaient d'une flamme. Le feu est alors devenu un ennemi. Des monstres ont peuplé cette Terre recouverte désormais d'une immense forêt. Un grand voyage se prépare pour l'enfant qui va devoir embarquer dans d'immenses vaisseaux roulant sur la terre, des collecteurs. Son périple vers la capitale va durer des années. Laissant Tôko, on découvre alors Kôshi et Hinako, un jeune homme et sa petite sœur, qui viennent de perdre leur mère, morte empoisonnée à cause de son travail en usine.

Avec ce premier épisode au rythme très lent, on ne peut que se réjouir de cette introduction dans cet univers si singulier que déploie Mamoru Oshii. Tout donne envie de voir la suite, et l'on sort totalement éblouit par les graphismes et l'animation. The Fire Hunter est une série pleine de promesses, inclassable, une vraie réussite visuelle, qui demande de la patience, mais gageons que cela en vaudra la peine.


Guillaume Lasvigne
Note :

Il suffit de deux ou trois plans, littéralement, pour que The Fire Hunter fasse ressentir sa singularité. C'est typiquement le genre de petit bonheur que recherche tout spectateur se refusant à se renseigner ou à regarder les bandes-annonces au préalable : se laisser porter, sans attente, par des émotions qu'il ne pouvait pas anticiper. Et il y a ces petits indices, ici et là, évoquant des créateurs qui l'ont fait rêvé par le passé. Un soupçon de Windy Tales par ici, des notes de musique familières par là… Le graal ? Constater que The Fire Hunter est porté par la réalisation de Junji Nishimura et la musique de Kenji Kawai… tous deux à leurs postes respectifs sur Windy Tales il y a bientôt vingt ans.

Par ailleurs, The Fire Hunter dégage une telle sérénité, une telle maîtrise à chaque poste-clé que l'on n'est même pas surpris du prestige de ses têtes pensantes. Si l'on ne devait retenir que ceux dont le talent est le plus démonstratif à l'image, on retiendrait assurément Takuya Saitô au character-design (un poste toujours très révélateur de la démarche artistique d'une telle production), Hiromasa Ogura à la direction artistique et Mamoru Oshii au scénario, ces deux derniers étant bien sûr célébrés depuis le succès de Ghost in the Shell en 1995.
Pour autant, une telle réussite ne saurait se limiter à ses noms les plus ronflants : l'évidente alchimie qui se dégage de chaque composante de ce pilote doit tout à la brillante collaboration de ses différents acteurs. Le parallèle avec la petite communauté présentée dans The Fire Hunter paraît presque trop facile.

Visuellement impeccable et superbement rythmé, la série serait même une totale réussite si l'écriture était à l'avenant. Si elle l'est en partie, elle repose aussi et surtout sur une voix off présentant de nombreux aspects de cet univers ample : de ses origines aux croyances de ses habitants, en passant par son bestiaire ou ses enjeux, tout nous est narré dans une exposition classieuse mais qui nuance tout mystère. L'ampleur de ce monde entre fantasy et steampunk est réelle et on aurait peut-être apprécié d'en découvrir les tenants et aboutissants au fil du récit. Bien sûr, il ne s'agit là que d'un ressenti à chaud et nul doute que ce parti-pris pourrait trouver une totale légitimité à l'aune des événements à venir. Bref, un sacrifice nécessaire à l'adaptation de ce récit aux origines littéraires manifestes.

Car en contrepartie, ce qui nous est conté ne souffre jamais de ses ambitions quasi cinématographiques. Le mariage entre micro et macro est déjà ce qui caractérisait, dans son genre, l'histoire de Windy Tales. Derrière les étendues narratives et visuelles promises par The Fire Hunter, il y a donc fort à parier que c'est le personnage de Tôko qui en sera le catalyseur.
Plus qu'un outsider, l'anime est assurément LA série à suivre absolument en ce début d'année. D'une richesse à couvrir la concurrence de honte, son premier épisode semble en outre annoncer une production parfaitement saine ayant su bénéficier des meilleures circonstances possibles.


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